Le Florian

Renaissance, années 20, cabine de pirate, plus je regarde les murs ornés de cadres et de vitraux, plus mon imagination traverse les époques. La carte, sous la forme d'un vieux journal, propose des cocktails bien pensés, mais surtout travaillés et équilibrés. Le vieux grimoire dans son grimoire, le Zombie du Flo en flammes, le serveur passionné en chemise bretelles, tout y est. Le Florian est époustouflant.Florian, j’aime bien le voir de temps en temps pour fuir la horde de touristes du Vieux Lyon. Je me réfugie dans son antre au style Renaissance. Il connaît mes goûts et sa carte me dirige rapidement vers les saveurs qui me plaisent. Les cocktails ne sont pas mal, certains très bien mis en scène. Je me souviens, une fois, d’un citron rempli de rhum embrasé qui surmontait mon verre. Ah mais le mieux, c’était quand j’avais eu des pinceaux remplis de Campari et de curaçao pour dessiner sur la mousse.Florian est gentleman : le vendredi soir, il m'invite à boire un cocktail pour oublier la dure semaine passée. Il sait que j'aime les mélanges audacieux et les ambiances feutrées. Assis sur la banquette molletonée et absorbé par l'elixir que nous buvons, il ne regarde pas à la dépense. Heureusement, son élégance est à la hauteur de son opulence : c'est bien lui le phénix des hommes d'ici-bas.Beyoncé dans Drunk in Love, c'est moi au Florian. I've been drinking, comme elle. Mais mon bébé à moi, c'est toi. Toi Tennessee Berry, puis toi le Southside. Tour à tour vous me rendez ivre, ivre amoureuse. Orange, fruits rouges, Martini, vodka, pourquoi ne puis-je pas garder mes doigts loin de vous ? Vous logez à l'enseigne du royaume des cocktails où fauteuils rouges et portraits contribuent à l'intimité du décor. Les prix sont raisonnables, moi pas. I wanna be totally in love.Lyon, 1920. La Prohibition fait rage et les lyonnais cherchent un vent de fraîcheur au cœur du Vieux Lyon, seul lieu où l’alcool est encore toléré. La population, rebelle, y organise la résistance à coup d’El Diplomatico et de Maker’s Mary. Les jupes virevoltent, les esprits se déchaînent et s'abandonnent sur des rythmes jazzy. Les serveurs, complices de l’organisation, donnent le ton et arment les lyonnais désabusés de cocktails détonnants.